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Dans cet entretien, Gérard Araud dresse le portrait sévère d'une Europe piégée par ses propres contradictions face au basculement de l'ordre mondial. Le diplomate met en lumière l'incohérence fondamentale d'un Vieux Continent qui, refusant de sortir de son confort moral pour affronter la brutalité des rapports de force, tente d'appliquer une grille de lecture idéaliste à une réalité géopolitique implacable, se condamnant ainsi à l'aveuglement volontaire et à l'impuissance stratégique.
1. La fin de l'hégémonie occidentale : le retour brutal à la Realpolitik
Gérard Araud ouvre son propos sur un constat lucide : les certitudes occidentales s'effondrent. Après trente années de domination sans partage, l'Occident voit son influence s'éroder face à la montée des puissances émergentes et au repli relatif des États-Unis. Araud utilise une métaphore frappante pour décrire la situation de l'Europe : le continent, ayant vécu une période exceptionnelle de paix et de prospérité, préfère vivre dans un monde à la "Walt Disney" plutôt que d'affronter le retour du monde de "Bismarck", c'est-à-dire celui des rapports de force froids et brutaux.
Selon lui, les relations internationales ne sont pas régies par la justice ou un "gendarme" international, mais par la puissance. Le diplomate doit donc accepter de "négocier avec le diable" si nécessaire. Il critique l'immaturité stratégique des Européens qui, par confort moral, refusent de plonger dans "l'eau glacée de la géopolitique", se condamnant ainsi à l'impuissance face à des acteurs qui ne partagent pas leurs scrupules.
2. Le piège de la morale et l'accusation de "double standard"
Le cœur de l'argumentation d'Araud porte sur le danger de la morale en diplomatie, qu'il illustre par les conflits en Ukraine et à Gaza. Concernant l'Ukraine, il déplore que l'émotion et la posture morale ("punir l'agresseur") empêchent toute analyse réaliste. Il souligne que vouloir une victoire totale de l'Ukraine et le retour aux frontières de 1991 est une chimère qui ne fait que prolonger la guerre et multiplier les victimes, sans garantie de succès. Pour Araud, le réalisme — c'est-à-dire accepter des concessions territoriales pour la paix — est paradoxalement plus "moral" car il épargne des vies humaines.
Il pointe également l'hypocrisie de l'Occident, perçue violemment par le "Sud Global". L'Europe s'indigne pour l'Ukraine mais reste silencieuse face aux bombardements israéliens à Gaza. Ce "deux poids, deux mesures" a détruit la crédibilité morale des Européens auprès du reste du monde. Araud rappelle que "le Président n'est pas le Pape" : son rôle est de défendre les intérêts nationaux dans une jungle internationale, et non de prêcher le bien depuis un balcon, surtout quand cette morale est à géométrie variable.
3. Les véritables enjeux stratégiques : Washington, Pékin et l'isolement européen
Enfin, Gérard Araud projette son analyse vers l'avenir, affirmant que le destin du monde ne se joue pas en Ukraine, mais dans la confrontation entre la Chine et les États-Unis. Il décrit une "Guerre Froide 2.0" technologique et commerciale où l'Europe risque de n'être qu'un dommage collatéral, recevant les "balles perdues" de cet affrontement titanesque.
Il aborde aussi le cas d'Israël, qu'il décrit comme une puissance régionale hégémonique mais sans vision politique, emportée par une dérive national-religieuse inquiétante. Quant à Donald Trump, Araud invite à ne pas le sous-estimer : bien que brutal, il est un réaliste qui comprend les rapports de force, contrairement aux Européens qui, prisonniers de leurs principes et de leurs opinions publiques, excellent dans les "demi-mesures" et perdent prise sur l'Histoire.
En somme, l'intervention de Gérard Araud démontre que l'incohérence éthique de l'Europe scelle son déclassement diplomatique. En pratiquant un "double standard" flagrant, s'indignant pour l'Ukraine tout en détournant le regard à Gaza, les Européens ne font pas seulement preuve d'hypocrisie ; ils ruinent leur crédibilité auprès du "Sud Global". Cette morale à géométrie variable, couplée à une incapacité à assumer la Realpolitik, réduit l'Europe au rang de spectatrice passive, inaudible et isolée dans la nouvelle confrontation entre grandes puissances.
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