L'Europe seule : Comment le "Corollaire Trump" brise définitivement le pacte transatlantique
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Cet article analyse l'onde de choc qui traverse les chancelleries européennes depuis mardi 9 décembre 2025. En célébrant le 250e anniversaire de la doctrine Monroe, Donald Trump n'a pas seulement dépoussiéré une vieille pierre angulaire de la diplomatie américaine. Il l'a transformée en une arme offensive.
Dans un communiqué officiel publié le 2 décembre 2025, le président américain a officialisé le « Corollaire Trump ». Si la doctrine originale de 1823 visait à protéger le continent des empires coloniaux, cette nouvelle mouture marque une rupture historique : pour Washington, l'Europe n'est plus un allié privilégié dans l'hémisphère occidental, mais une « nation lointaine » priée de se tenir à l'écart. Proposition de décryptage d'un basculement géopolitique ... pendant que nos assemblées regardent hélas ailleurs engluées dans des débats budgétaires dignes de la 4ème république
1. Du "Gendarme" au "Propriétaire" : La Nouvelle Hégémonie
Pour comprendre la gravité du discours du 2 décembre, il faut revenir aux fondamentaux. En 1823, James Monroe promettait de protéger les jeunes républiques latinos-américaines des appétits coloniaux européens, sous le slogan implicite « l'Amérique aux Américains ». C'était une doctrine de sanctuarisation.
En 1904, Theodore Roosevelt y avait ajouté son propre corollaire, s'arrogeant un pouvoir de police internationale (le fameux "Big Stick") pour intervenir en cas d'instabilité chronique. C'était une doctrine d'intervention.
Avec le « Corollaire Trump », nous entrons dans l'ère de la possession. Le texte de la Maison Blanche est sans équivoque : il ne s'agit plus de défendre une souveraineté continentale partagée, mais la « souveraineté américaine » exclusive des États-Unis. Donald Trump affirme que « c'est le peuple américain [...] qui contrôlera toujours son propre destin dans notre hémisphère ».
Cette réinterprétation est redoutablement efficace. En gommant l'ambiguïté du terme "American" (qui désignait autrefois le continent), Trump restreint le champ de la souveraineté aux seuls intérêts de Washington. L'Amérique latine n'est plus un voisinage à protéger, mais un glacis sécuritaire et économique où les États-Unis entendent rétablir une « domination maritime » et logistique totale.
Les européens doivent réhabiliter la Realpolitik
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Dans cet entretien, Gérard Araud dresse le portrait sévère d'une Europe piégée par ses propres contradictions face au basculement de l'ordre mondial. Le diplomate met en lumière l'incohérence fondamentale d'un Vieux Continent qui, refusant de sortir de son confort moral pour affronter la brutalité des rapports de force, tente d'appliquer une grille de lecture idéaliste à une réalité géopolitique implacable, se condamnant ainsi à l'aveuglement volontaire et à l'impuissance stratégique.
1. La fin de l'hégémonie occidentale : le retour brutal à la Realpolitik
Gérard Araud ouvre son propos sur un constat lucide : les certitudes occidentales s'effondrent. Après trente années de domination sans partage, l'Occident voit son influence s'éroder face à la montée des puissances émergentes et au repli relatif des États-Unis. Araud utilise une métaphore frappante pour décrire la situation de l'Europe : le continent, ayant vécu une période exceptionnelle de paix et de prospérité, préfère vivre dans un monde à la "Walt Disney" plutôt que d'affronter le retour du monde de "Bismarck", c'est-à-dire celui des rapports de force froids et brutaux.
Selon lui, les relations internationales ne sont pas régies par la justice ou un "gendarme" international, mais par la puissance. Le diplomate doit donc accepter de "négocier avec le diable" si nécessaire. Il critique l'immaturité stratégique des Européens qui, par confort moral, refusent de plonger dans "l'eau glacée de la géopolitique", se condamnant ainsi à l'impuissance face à des acteurs qui ne partagent pas leurs scrupules.
Les accords de Bretton Woods : genèse d'un nouvel ordre économique mondial
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Cet article est le début d'un cycle sur les grands accords internationaux concernant les monnaies. Ce cycle est à mon sens nécessaire pour comprendre les craintes grandissantes concernant les endettements des pays occidentaux, le non succès de l'Euro, la diminution de la prédominance du Dollar et ... pouvoir se projeter.
En 1944, alors que la Seconde Guerre mondiale touchait à sa fin, 44 nations alliées se réunissaient dans une station de villégiature du New Hampshire pour jeter les bases d'un système économique international révolutionnaire. Ces accords de Bretton Woods, bien au-delà d'un simple arrangement monétaire, représentaient une réponse coordonnée aux traumatismes économiques du passé et une tentative d'anticipation des défis de l'après-guerre. Ils incarnaient la volonté collective de construire un monde où la stabilité économique primerait sur le chaos financier qui avait caractérisé l'entre-deux-guerres.
1 : Le contexte historique et les forces en présence
L'effondrement de l'étalon-or durant la Première Guerre mondiale avait plongé le système monétaire international dans une instabilité chronique. Les années 1920 et 1930 furent marquées par une série de crises monétaires culminant avec le krach de Wall Street de 1929, événement que les participants à Bretton Woods voulaient absolument éviter de reproduire. Cette période d'instabilité avait démontré l'urgence de créer un cadre institutionnel capable de prévenir les guerres monétaires et les dévaluations compétitives. John Maynard Keynes, chef de la délégation britannique, résuma cet impératif : « Nous avons appris à travailler ensemble. Si nous pouvons continuer ainsi, ce cauchemar [...] sera terminé. La fraternité humaine deviendra plus qu’une phrase » (John Maynard Keynes, Économiste en chef du Trésor britannique, Royaume-Uni)
Au sortir de la guerre, les États-Unis émergent comme la puissance économique dominante incontestée. Ils produisent la moitié du charbon mondial, les deux tiers du pétrole et plus de la moitié de l'électricité. Plus impressionnant encore, ils détiennent 80% du stock d'or international, leur conférant une position de force sans précédent dans les négociations. Cette hégémonie économique leur permet de proposer le dollar comme nouveau pilier du système monétaire mondial.
Europe : Le Trilemme de Rodrik, un Piège incontournable entre souveraineté, démocratie, intégration économique
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Le Trilemme de Rodrik : Pourquoi l'Europe est face à un choix crucial
L'objectif de cet articvle est de disposer, via l'économiste Dani Rodrik, d'une grille de lecture pour analyser les défis auxquels sont confrontés les États face à la mondialisation. Son concept, connu sous le nom de "trilemme de Rodrik" ou "triangle d'incompatibilité", met en lumière une tension fondamentale entre trois objectifs qui semblent, dans la pratique, ne pouvoir coexister simultanément. Mais de quoi s'agit-il exactement, et pourquoi est-ce si crucial pour l'avenir de l'Europe ? Plongeons dans ce concept.
Chapitre 1 : Le Trilemme Expliqué
Au cœur de la théorie de Dani Rodrik se trouve l'idée qu'il est impossible pour une "communauté politique" (typiquement, un État-nation) de concilier entièrement et simultanément trois dimensions jugées essentielles dans l'économie mondiale moderne. Ces trois dimensions sont :
- L'intégration économique poussée (ou hyper-mondialisation) : Cela désigne des liens économiques profonds et une forte interdépendance entre les économies nationales, impliquant notamment la libre circulation des capitaux, des biens et des services. C'est un moteur potentiel de croissance et d'enrichissement collectif.
France-Italie : Quand les divergences politiques cachent des convergences stratégiques
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L'objectif de cet article est d'identifier les convergences stratégiques communes à la France et l'Italie. Face à une défiance politique croissante, la France et l’Italie sont confrontées à la nécessité de relancer leur partenariat, crucial pour l’avenir de l’Europe. Malgré des divergences, notamment sur la politique intérieure et la gestion des relations transatlantiques, les deux pays partagent des intérêts stratégiques majeurs qui les poussent à rechercher des convergences pragmatiques.
1. Coopération économique et industrielle
La France et l’Italie convergent sur plusieurs dossiers économiques essentiels. Leur coopération s’illustre dans la finance (partenariat Generali-Natixis), l’industrie automobile (Stellantis) et la défense de la compétitivité européenne face à la concurrence chinoise. Tous deux souhaitent assouplir les contraintes du Pacte vert pour protéger leurs industries, notamment l’automobile, menacée par les importations asiatiques à bas coût. Ils partagent aussi une réticence vis-à-vis de l’accord commercial UE-Mercosur, privilégiant la défense de leurs secteurs agricoles et industriels. Enfin, la recherche de nouveaux marchés, comme l’Inde, et la volonté de mettre en place des euro-obligations pour financer la croissance témoignent d’une vision commune sur les enjeux économiques européens.
2. Défense et sécurité : des intérêts alignés
Sur le plan de la sécurité, la collaboration est solide, en particulier dans la défense aérienne avec le système Samp-T, fruit d’un partenariat italo-français, et dans le projet spatial Iris 2. Les deux pays soutiennent activement l’Ukraine face à la Russie, même si des nuances existent sur la représentation européenne et l’envoi de troupes. La volonté de créer des « champions européens » dans l’industrie de la défense et de l’aérospatiale est également partagée, tout comme l’intérêt pour le développement d’une dette commune pour soutenir la sécurité et la croissance.
3. Gestion des défis géopolitiques et régionaux
Au-delà de l’Europe, la France et l’Italie se rapprochent sur les questions méditerranéennes et africaines. La Libye, autrefois source de tensions, devient un terrain de coopération face à l’instabilité régionale, la migration et l’influence de puissances extérieures comme la Russie et la Turquie. Dans le Sahel, la nécessité de stabiliser la région et de lutter contre le terrorisme impose un dialogue accru, malgré des approches différentes. Sur la scène internationale, les deux pays s’accordent sur l’importance d’une réponse européenne unie face aux défis posés par les États-Unis ou la Chine, sachant que l’Europe ne pèsera que si elle reste alignée
Conclusion
Malgré des divergences politiques, la France et l’Italie disposent de nombreux leviers de convergence, tant sur le plan économique, sécuritaire que géopolitique. Le Traité du Quirinal offre un cadre pour approfondir cette coopération, essentielle à l’autonomie stratégique et à la stabilité de l’Europe. Dans un contexte international incertain, l'entente entre nos deux pays apparaît plus que jamais indispensable.
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